1er janvier 1917, l'avion du commandant Yves LE COZ est abattu au retour d'une mission aérienne
Ce grand-oncle, "fou-volant" et héros de la Première Guerre mondiale
Un quart de siècle après le 1er vol de Clément Ader, le développement de l’aviation est porté par la 1ère Guerre mondiale. Dès le début du conflit, elle se montre en effet particulièrement utile pour suppléer la cavalerie alors que les missions de reconnaissance sont rendues impossible par la puissance décuplée de l’artillerie.

La 1ère mission aéronautique est créée dès novembre 1914 et le succès de l’aviation doit beaucoup à la hardiesse des équipages. Nombreuses sont les citations et reconnaissances, mais certaines interviennent malheureusement à titre posthume. C’est le cas ce lundi 8 janvier 1917 pour rappeler la mémoire du lieutenant Yves LE COZ, pilote, et du sous-lieutenant Marius GRILLIERE, observateur, disparus ensemble une semaine plus tôt.

Yves LE COZ, de la cavalerie à l’aviation



Né à Lorient le 3 avril 1889, Yves LE COZ entre à 13 ans comme pensionnaire à l’École Nationale Professionnelle de Nantes (qui devient plus tard le lycée Livet).

En 1909, il s’engage pour 5 ans, et est affecté dans un régiment de chasseurs à cheval.



Il rejoint l’aéronautique militaire le 1er avril 1915, est envoyé à Pau pour une formation initiale de pilote, obtient son brevet le 2 juillet 1915 (brevet n°1136), et vole d’abord à bord d’un Morane-Saulnier avant de passer le mois suivant sur des Caudron.


Des avions en pin, frêne et toile pour voler au-dessus des lignes ennemies
Créé en 1915 par les frères Caudron, et livré en 1 400 exemplaires, le G4 est le 1er biplan bimoteur militaire au monde. On peut en voir un des rares exemplaires qui ont survécu au conflit au musée du ciel et de l’espace au musée de l'Air et de l'Espace au Bourget et un autre au National Air and Space Museum à Washington.
Les qualités de vol du G4 étaient très appréciées parce qu’elles “permettaient toutes les fantaisies : looping, renversement... ». Il permit ainsi à plusieurs équipages de s’illustrer dans de multiples exploits et records. Avec des réservoirs pour chaque aile, le G4 était capable de poursuivre son vol sur un seul moteur. Très adaptable, il était décliné avec des équipements radio pour les missions de reconnaissance, des doubles commandes pour les entrainements, des systèmes d’accrochage d’obus pour les bombardements… Certains disposaient aussi d’un « trou » dans l’aile supérieure permettant à l’observateur de se tenir debout sur son siège.
Le lieutenant LE COZ, commandant de l’escadrille C64
Un an après avoir intégré l’escadrille C64 (3 septembre 1915), Yves LE COZ en est nommé commandant. Son engagement lui vaut d’être à nouveau cité à l’ordre de l’armée le 2 avril 1916 et nommé chevalier de la Légion d’honneur le 22 septembre.
“Officier pilote qui a fait preuve des plus belles qualités d'allant, d'énergie et de sang-froid. A déjà eu plusieurs combats aériens durant les nombreuses reconnaissances qu'il a effectuées sur les lignes allemandes. Le 8 mars 1916, chargé de la protection d'une reconnaissance et se voyant entouré par plusieurs avions ennemis, il attaque l'un d'eux avec résolution, le force à la retraite et oblige par son attitude décidée les autres à se tenir à distance. A eu son appareil atteint par plusieurs balles au cours du combat.”


C’est à proximité de Saint-Soupplet-du-Py dans la Marne que son avion est abattu par l’armée allemande le 1er janvier 1917. C’est le 3e équipage tué au cours d’une mission depuis la création de l’escadrille. Marius GRILLIERE et lui sont inhumés le long de la “route de Russes”, à Saint-Clément dans les Ardennes, reçoivent la croix de guerre à titre posthume et font l’objet d’une ultime citation à l’ordre de l’armée :
"Chef d'escadrille d'une haute valeur morale, a su exalter au plus haut point le courage, l'énergie et la volonté de ses subordonnés. A trouvé une mort glorieuse au cours d'une mission aérienne. Plusieurs fois cité et décoré."
De l’escadrille C64 à La grande illusion
Fin octobre 1916, sous le commandement d’Yves LE COZ, l’escadrille avait accueilli un nouveau pilote : Jean RENOIR (1891-1971), fils du peintre Auguste RENOIR. Blessé en vol aux commandes de son avion une dizaine de jours après son arrivée, il part 3 semaines en convalescence avant de réintégrer le groupe le 29 novembre. Il racontera plus tard que c’est l’expérience de l’escadrille C64 qui l’inspira pour le film La grande illusion qu’il réalisa en 1937. La mémoire familiale n’avait cependant pas gardé trace de ce lien…
S’il s’était passionné très tôt pour le cinéma, c’est dans l’aviation que Jean RENOIR apprend la photographie. A nous d’imaginer les échanges entre LE COZ et RENOIR au cours des quelques semaines durant lesquelles ils se sont côtoyés, et pourquoi pas s’autoriser à imaginer que les photos qui nous sont parvenues d’un Yves LE COZ pleinement investi dans ses missions aient été prises par Jean RENOIR ?


S’il a été très vite annoncé à la famille, le décès d’Yves LE COZ n’a été enregistré à l’état civil de Lorient que le 17 septembre 1921.
Sa dépouille a été rapatriée au cimetière de Carnel le 4 février 1923, carré 9, tombe n°11 où ses parents ont également été enterrés en 1933 et 1937.
Passionant , comme toujours.
Meilleurs voeux à tous.
Mon grand-père, Henri Nayel, m'avait transmis un cadre souvenir avec une photo d'Yves le Coz (celle où il se tient devant un Bleriot donc vraisemblablement prise à Pau) et ses décorations militaires. J'ai donc encore sa légion d'honneur, sa croix de guerre avec les palmes pour citations.